Ce titre reflète à la fois le défi et l’appel à l’action pour protéger les femmes et les filles de la mutilation génitale féminine (MGF), tout en soulignant l’importance de l’unité et de la collaboration entre nos différentes organisations et individus.
En 2015, une loi historique votée par l’Assemblée Nationale Gambienne a marqué un tournant dans la lutte pour le respect des droits des femmes et des filles en criminalisant les mutilations génitales féminines (MGF), une pratique alors répandue auprès de trois-quarts des Gambiennes en âge de procréer. Cette avancée a été célébrée à l’échelle internationale. Toutefois, malgré cette victoire législative, l’application effective de la loi s’est fait attendre, ne se concrétisant véritablement qu’en août 2023, lorsqu’une action judiciaire a mené à la condamnation de trois femmes pour pratique de l’excision.
Un cri d’alarme sur les réalités des MGF
Cette condamnation a déclenché une vague de contestation parmi certains religieux, voyant dans ces peines une attaque contre ce qu’ils considèrent comme une “vertu de l’Islam”. Cette opposition s’est aujourd’hui matérialisée au parlement par une proposition de loi du député Almami Gibba visant à annuler l’interdiction de l’excision, arguant que cette dernière représente un acte culturel et religieusement significatif. Lors de la seconde lecture du projet de loi, 42 des 47 députés présents ont approuvé le texte, ne laissant qu’une faible représentation féminine de cinq députées face à cette décision régressive.
Cette proposition de loi, si elle venait à être adoptée, marquerait un recul désastreux pour les droits et la protection des femmes et des filles en Gambie, remettant en cause des années de luttes et d’efforts internationaux. Les MGF, reconnues internationalement comme une violation des droits humains, affectent plus de 200 millions de filles et de femmes à travers le monde, perpétuant des inégalités de genre profondément enracinées et limitant l’accès des femmes à l’éducation, à la santé et à l’égalité des chances.
L’Urgence d’agir
Devant cette régression alarmante, l’ONG RAES, en collaboration avec ses partenaires de la Coalition CLV2.0, exprime son indignation et son soutien inébranlable à la société civile gambienne qui s’est élevée contre cette initiative législative. Nous appelons à une mobilisation générale des organisations de la société civile africaine, des institutions internationales, et de tous les partenaires engagés pour la défense des droits des femmes, afin d’exhorter le gouvernement gambien à reconsidérer ce projet de loi.
Il est crucial que chaque individu prenne part activement à cette lutte, en s’opposant à toute forme de violence basée sur le genre. Nous lançons un appel à l’action pour renforcer la vigilance et la résilience communautaires face à cette menace sur les droits des femmes et des filles.
En conclusion, il est impératif de consolider nos efforts et d’unir nos voix pour garantir que cet élan régressif en Gambie ne serve pas de précédent à d’autres nations. Nous, acteurs de la société civile dédiés au respect des droits humains, renouvelons notre engagement à œuvrer aux côtés des communautés pour protéger l’intégrité et la dignité de chaque femme et fille, affirmant ainsi notre rejet de l’excision comme une violation inacceptable des droits et libertés fondamentales.
Signataires :
Sénégal
ONG RAES ( Réseau Africain pour l’Education et la Santé )
Nigeria
Fehd Foundation
Circuit Pointe
Sierra Leone
Keep the Drum and Lose the Knife
Girl Child Network
Côte d’Ivoire
Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire
Mission des Jeunes pour la Santé, la Solidarité et l’Inclusion
Guinée
Association Guinéenne pour le Bien Être Familial